Par Francine Schutzman, OCNA (a la retraite), présidente émérite de l’OMOSC
Comme l’OMOSC fait pratiquement partie des meubles, j’imagine que la plupart des lecteurs d’Una Voce n’en connaissent pas les origines. Il y a de cela bien longtemps, des administrateurs de sections locales canadiennes qui s’intéressaient particulièrement aux orchestres ont créé le Symposium symphonique, une rencontre d’une journée consacrée aux enjeux symphoniques. C’est à Ruth Budd, Sam Levine et Eddy Bayens que nous devons cette initiative. Ruth et Sam, tous deux contrebassistes et partenaires de pupitre au sein du Toronto Symphony Orchestra, sont les instigateurs de l’OMOSC. Sam était le vice-président de la section locale de Toronto, et Ruth a été la première présidente du conseil de l’OMOSC. Eddy, président de la section locale d’Edmonton, a été présent dès le début. Si vous assistez à la conférence de l’OMOSC cette année, vous aurez l’occasion de le remercier en personne, car il y participe encore aujourd’hui.
Robert Fraser, l’actuel président de l’OMOSC, est beaucoup plus précis que moi quant aux origines de l’organisation : « [L]a première équipe de direction a été formée il y a 50 ans, en octobre 1975, lors du deuxième Symposium symphonique tenu à l’occasion de la Conférence canadienne de l’AFM, à Edmonton. La première conférence de l’OMOSC a eu lieu en août 1976, à Toronto. L’OMOSC a été constituée en personne morale en août 1981. »
(Quelques mots au sujet de la Conférence canadienne, ou la CanCon : il s’agit du rassemblement annuel des administrateurs des sections locales canadiennes qui, collectivement, forment une conférence selon les termes du règlement intérieur de l’AFM. La CanCon est donc la conférence d’une conférence).
Lors de ma première participation à la conférence de l’OMOSC en 1981, ce rassemblement annuel de délégués de l’OMOSC et d’administrateurs syndicaux suscitait déjà beaucoup d’enthousiasme. Si ma mémoire est bonne, on y dénombrait autant de délégués que d’administrateurs. À l’époque, il était rare qu’un musicien d’orchestre agisse à titre d’administrateur d’une section locale ou siège à son conseil de direction. La conférence était donc une belle occasion pour les deux groupes (j’hésite à utiliser le mot « parti ») d’en apprendre plus sur leurs missions et leurs aspirations respectives.
Malheureusement, prévalait à l’époque l’idée que ces arrogants et ignorants musiciens ne devaient pas se mêler des affaires des sections locales. Mon pire souvenir associé à une conférence de l’OMOSC remonte à 1982, à Ottawa. Le ton a monté pendant les échanges, et un administrateur a crié : « QUI ÊTES-VOUS POUR CONTESTER? NOUS SOMMES LE SYNDICAT! ». Un des délégués de l’OMOSC a éclaté en sanglots. Je pense que c’est lors de cette même séance que l’un des dirigeants de l’OMOSC a été malade dans la salle de réunions. Nous avons dû quitter la pièce pour la faire aérer, une interruption qui est tombée à point.
En 2004, les choses s’étaient suffisamment calmées pour permettre l’organisation d’une conférence à Edmonton parallèlement à la CanCon. J’étais alors présidente de l’OMOSC et je comptais fortement sur la réunion conjointe du vendredi soir, plage qui était d’habitude réservée à la première séance de la CanCon, pour faire avancer les dossiers. Imaginez mon désarroi lorsque le président de la CanCon m’a glissé à l’oreille, alors que je montais sur l’estrade : « En passant, aucune résolution ne peut être adoptée ce soir, parce qu’il ne s’agit pas d’une séance officielle. » Comme il n’aurait fallu qu’une minute pour officialiser la séance de la CanCon, j’ai eu l’impression de m’être fait passer un sapin. Apparemment, nous avions encore du chemin à faire avant que les musiciens ne soient plus considérés comme des intrus dans les affaires de leurs sections locales. C’est notamment pour cette raison que, à l’OMOSC, refaisait périodiquement surface l’idée de quitter l’AFM pour former son propre syndicat.
La conférence conjointe de 2012, à Toronto, s’est déroulée beaucoup plus rondement. Je ne me souviens d’aucun épisode dramatique comme ceux qui avaient marqué nos tentatives précédentes de se rencontrer d’égal à égal. Au contraire, un véritable esprit de collaboration régnait. Dans une lettre conjointe, Paul LeClair (qui était alors président de la CanCon et qui l’est encore aujourd’hui) et Matt Heller (qui était alors président de l’OMOSC et qui en est aujourd’hui le secrétaire) écrivaient ceci : « Nous nous réjouissons à l’idée de renforcer les liens qui unissent la Conférence canadienne et l’OMOSC. Cette rencontre est l’occasion de discuter de nos objectifs et de nos défis communs au sein de notre secteur, celui de la musique, qui est en constante évolution. » La première présidente du conseil de l’OMOSC, Ruth Budd, était présente. Et la section de Toronto n’a ménagé aucun effort pour que l’événement conjoint soit couronné de succès.
Où en sommes-nous aujourd’hui? Bob Fraser, un des dirigeants de l’OMOSC, est le secrétaire-trésorier de la section de Victoria (pour un deuxième mandat!). Matt Heller, également dirigeant de l’OMOSC, est le président de la section de Calgary. Alors que j’étais présidente de l’OMOSC, j’ai siégé au conseil d’administration de la section d’Ottawa avant d’en devenir la présidente, poste que j’ai occupé pendant de nombreuses années. J’ai eu l’honneur de siéger au comité des lois (Law Committee) lors des trois derniers congrès de l’AFM, dont les deux premiers sous la direction d’Eddy Bayens. Les musiciens d’orchestre symphonique sont nombreux à siéger à ce comité, et ils sont également nombreux à participer au congrès à titre de délégués. Il semble donc que les deux partis (voilà, je l’ai dit) tentent d’agir de concert pour faire avancer les dossiers qui nous touchent tous.
Alors que j’étais encore relativement nouvelle au sein de l’OCNA, au milieu des années 1970, j’ai envoyé à ma section locale un chèque de cotisation syndicale sur lequel j’avais écrit : « Que faites-vous donc avec cet argent? » On m’a retourné le chèque, accompagné d’une note du président de la section de l’époque, Jimmy Lytle, me demandant de renvoyer un chèque sans commentaires. Il ajoutait que je n’avais qu’à assister aux assemblées générales de la section locale si je voulais savoir à quoi servaient les cotisations. J’ai donc commencé à le faire, et j’étais souvent la seule femme présente. J’entends encore Jimmy dire, de sa voix sonore « Bienvenue, chers frères! … Et chère sœur. »
J’ai de grands espoirs pour la conférence conjointe qui se tiendra à Toronto cette année, et j’encourage ceux qui le peuvent à y assister à titre d’observateurs. Si votre horaire ne le permet pas, investissez-vous auprès de votre section locale. Tenez-vous au courant des dossiers, et mettez la main à la pâte dès que vous le pouvez. Ne laissons plus se creuser un schisme comme celui que nous avons connu jadis.