par Robert Fraser, président de l'OMOSC
J’ai l’étrange habitude de compter les choses dans ma tête. Je suis convaincu qu’un trouble mental non diagnostiqué se cache derrière cette manie. Vous pensez peut-être que j’aime compter les silences parce que je joue du trombone; en réalité, je n’ai pas la patience de le faire (remarque à l’intention des compositeurs : mettez de meilleurs cues dans vos partitions!). Si je suis sur une lancée, je vais compter le nombre de fois qu’un chef d’orchestre utilise un mot en particulier, ou observer mes collègues et faire le décompte de leurs animaux de compagnie (soit 20 chats, chiens, lapins, cochons d’Inde… et quelques poules). Il m’est déjà arrivé de compter tous les nouveau-nés de mes collègues depuis le début de ma carrière, il y a 35 ans. Réponse : 53!
Récemment, j’ai calculé que j’ai eu 18 nouveaux collègues depuis le début de la pandémie (qui, à mes yeux, correspond au début de la saison 2021-2022). Une poignée d’entre eux n’ont pas encore fait d’audition, mais devraient être sélectionnés pendant l’été et se joindre à nous à l’automne. Il s’agit de 18 postes sur 44, ce qui correspond à un taux de roulement de 41 % sur cinq saisons. Certains n’en sont pas à leurs premières armes au sein d’un orchestre; pour d’autres, c’est un premier poste ou du moins une première occasion de permanence dans un orchestre membre de l’OMOSC. Je sais que c’est une tendance que bon nombre d’entre vous ont observée. J’en ai d’ailleurs fait mention ici et dans les pages de l’International Musician : près de 10 % des postes au sein des orchestres de l’OMOSC étaient vacants il y a quelques saisons.
J’ai donc décidé d’adresser cette chronique à nos nouveaux membres. Notre merveilleuse collègue, ancienne présidente et grande gardienne du savoir, Francine Schutzman, signe un excellent article au sujet de la relation de l’OMOSC avec son organisation mère, l’AFM (et plus précisément avec la Conférence canadienne de l’AFM, ou la CanCon, comme nous la surnommons) dans le présent numéro.
Cela dit, je ne compte plus les fois où j’ai expliqué – et j’ai dû le faire de mille et une façons! – la différence entre l’OMOSC et les autres associations de musiciens. L’AFM est un gros syndicat; c’est en fait le plus important syndicat de l’industrie du divertissement au monde, et il comporte de multiples facettes. Saviez-vous que vous avez un point en commun avec Taylor Swift? Vous êtes tous deux membres de l’AFM! Un syndicat de cette taille est divisé en sous-groupes pour mieux servir les membres dont le gagne-pain est principalement régi par une convention collective. Dites-vous que la section locale est responsable de la négociation et de l’application de votre convention collective. Pour remplir sa mission, elle doit entretenir des liens étroits avec les syndiqués. C’est pourquoi nous avons des comités d’orchestre et des délégués syndicaux. Les musiciens des différents orchestres doivent également communiquer entre eux, et c’est de cette nécessité qu’est née l’idée de créer l’OMOSC. C’est difficile à croire, mais le syndicat était à une époque plutôt hostile au concept de comité d’orchestre. Je n’entrerai pas dans les détails ici, mais je vous recommande fortement (une fois de plus) l’ouvrage More Than Meets The Ear: How Symphony Musicians Made Labor History de Julie Ayer, anciennement violoniste au Minnesota Orchestra, en vente dans toutes les bonnes librairies.
Avoir un regroupement de représentants de chaque orchestre qui est dirigé par des musiciens est un outil puissant. Il nous donne une voix au sein de notre syndicat, de notre industrie et de la société dans son ensemble (je me souviens d’un ancien vice-président de l’AFM pour le Canada qui souhaitait que les musiciens de jazz, les groupes de musique indépendante et d’autres groupes se dotent d’une organisation comme l’OMOSC).
Pour illustrer le rôle de l’OMOSC, j’explique souvent qu’elle aide les musiciens à gérer les aspects de leur métier qu’ils n’ont pas appris sur les bancs d’école. Le reste de cette chronique sera donc consacrée à certaines des ressources auxquelles l’OMOSC vous donne accès.
Division des services symphoniques (DSS) de l’AFM : Celle-ci est évidente. Le personnel de la DSS tient à jour un immense répertoire de renseignements sur notre secteur : les délégués de l’OMOSC (en collaboration avec ceux des deux autres associations de musiciens, l’ICSOM et la ROPA) alimentent une base de données comparative sur les conditions de travail, et vous avez accès à toutes nos conventions collectives ainsi qu’à des lignes directrices sur une foule de sujets, comme la direction de l’association des musiciens de votre orchestre ou encore les procédures liées aux auditions, aux évaluations et à la permanence. Si vous siégez à un comité d’orchestre, assurez-vous d’avoir accès à la section réservée aux membres du site Web de l’AFM (www.afm.org) pour pouvoir consulter toutes ces ressources.
Orchestres Canada (OC) est un autre partenaire de l’OMOSC (www.oc.ca). Nous avons la chance d’entretenir d’excellentes relations de travail avec l’association nationale qui regroupe les administrations des orchestres canadiens. Bien que les différends entre les musiciens et les directions d’orchestre soient inévitables à l’occasion, nous mettons tout en œuvre pour que tous travaillent vers l’atteinte d’objectifs communs. J’ai moi-même énormément appris sur le fonctionnement d’un orchestre en participant aux conférences et aux formations en ligne d’OC (des webinaires ouverts aux musiciens sont organisés toute l’année). Rendez-vous sur le site Web d’OC pour en découvrir le contenu.
Ressources liées à la santé et au bien-être : L’OMOSC a organisé des dizaines de présentations données par des professionnels de la santé qui œuvrent auprès de musiciens et autres artistes de la scène. Les pionniers à ce chapitre au Canada sont les Musicians Clinics of Canada (www.musiciansclinicsofcanada.com). Je vous invite également à consulter le site Web de la Performing Arts Medicine Association (https://artsmed.org/). Je souligne aussi le travail de la Dre Christine Guptill, qui a pris la parole lors de nos conférences et qui est l’actuelle codirectrice du Canadian Network for Musicians Health and Wellness. Les récents diplômés de l’Orchestre national des jeunes du Canada connaissent la Dre Guptill.
Produits d’assurance du Western Financial Group (https://westernfinancialgroup.ca/MIIP) : Nous avons une couverture d’assurance collective pour les instruments de musique avec cette compagnie depuis de nombreuses années. Il s’agit d’une des seules polices qui couvrent la perte de valeur si un instrument est endommagé, et elle offre désormais une assurance responsabilité pour les musiciens qui enseignent à leur domicile.
Je ne vous ai donné que quelques exemples de ressources auxquelles vous avez accès grâce à l’OMOSC. Pour en revenir à mon habitude de tout compter, cette chronique totalise 1 165 mots. Ce n’est pas parce que je suis le président que je peux forcer la main du rédacteur en chef pour avoir plus d’espace (nous sommes une organisation égalitaire!). Je vais donc conclure en souhaitant la bienvenue à tous les nouveaux venus. Et si vous faites partie d’un orchestre depuis 20 ans et que vous avez appris quelque chose en lisant ces lignes, alors c’est mission accomplie! Merci de votre attention.