À la Conférence annuelle de l’OMOSC, nous avons invité Jaime Martino (que j’ai interviewée dans le numéro de juin d’Una Voce) et Michael Mori, c’est-à-dire l’équipe de direction du Tapestry Opera, à nous faire une présentation. Ils sont également les cofondateurs de Women in Musical Leadership (WML), un programme offrant mentorat et soutien aux jeunes cheffes d’orchestre au début de leur carrière.
Jaime et Michael souhaitaient discuter en particulier des évaluations de chefs, des manières dont nous parlons de celles et ceux qui nous dirigent, et dont nous les jugeons. Dans le travail avec WML, ils voient à quel point les commentaires des musiciens peuvent jouer un rôle important dans le développement des jeunes cheffes; WML a également élaboré sa propre grille d’évaluation. (Note : les résultats des évaluations de chefs de l’OMOSC ne sont pas à partager directement avec les chefs; toutefois, il arrive souvent qu’ils soient filtrés et communiqués sous une forme ou une autre.) Jaime et Michael ont également constaté que certains commentaires ou évaluations perpétuent de vieux préjugés : ils peuvent porter sur l’apparence de la cheffe, sa tenue vestimentaire ou sa façon de parler, même si ces éléments n’ont que très peu de rapport avec la musique qui se fait sur scène.
Nous avons eu une discussion très large sur les causes de ce phénomène, et sur les moyens de changer notre culture. Les chefs se mettent en quelque sorte à nu devant nous et l’auditoire. Nous ne pouvons pas censurer nos pensées ou faire semblant de ne pas remarquer leur genre et leur apparence, mais nous pouvons nous efforcer de formuler nos commentaires de manière objective et de les axer sur la qualité et l’art de la direction. Nous pouvons également considérer que le leadership peut prendre plusieurs formes, et qu’il y a plusieurs façons d’être efficace comme chef.
Merci à tous ceux et celles qui remplissent les évaluations de chefs de l’OMOSC ou alors celle qu’utilise votre orchestre. Vos opinions et vos commentaires aident à rehausser les normes dans notre industrie; ils peuvent également aider un jeune chef, homme ou femme, à prendre conscience de ses forces (ou faiblesses) et peut-être à trouver sa voix. Il n’y a pas beaucoup de formulaires qui peuvent porter autant de promesses ou avoir un tel effet.
- Matt Heller, secrétaire de l’OMOSC
Au Saskatoon Symphony, il y a maintenant trois saisons que nous sommes sans directeur musical permanent. Nous avons des chefs invités pour chaque concert. Après un temps, tous les chefs se confondent, sauf ceux qui ont été très constructifs ou alors très négatifs et désagréables envers l’orchestre.
C’est important que les membres reçoivent les formulaires d’évaluation et tentent de les remplir du mieux qu’ils peuvent. Dans notre orchestre, nous recherchons toujours la polyvalence. Est-ce qu’un chef est capable de diriger autant des concerts classiques que de la musique pop ou moderne ou encore des concerts d’orchestre de chambre? Remplir les évaluations nous aide aussi à nous rappeler ce que nous avons vécu avant, au fil du temps et dans différents styles de programmes, et à remarquer s’il y a eu des améliorations dans la direction, la communication ou sur d’autres plans. Nous sommes toujours sans chef permanent, mais notre administration se sert de l’information cueillie dans ces évaluations pour prendre des décisions.
Lillian Jen-Payzant, déléguée du Saskatoon Symphony Orchestra
Octobre 2024